Apprentissage expérientiel
Définition courante :
La formation expérientielle est la formation qui se dégage de toutes les expériences qui nous ont marqués.
Définition savante (colloque francophone sur la formation expérientielle)
- La formation par l’expérience est une formation par contact direct (avec soi, les autres, l’environnement) mais réfléchie. Elle s’effectue sans médiation, sans zone tampon. L’expérience n’est pas automatiquement formatrice, elle peut être déformatrice en faisant éclater l’unité antérieure de la personne. Pour qu’elle soit formatrice, il faut qu’elle puisse être intégrée dans une nouvelle forme qui intègre cette discontinuité.
- Le processus d’apprentissage n’est pas seulement cognitif. Il nécessite une prise en compte de la totalité de la personne.
- Dans l’apprentissage expérientiel, l’acte d’apprendre se déroule dans un contexte donné. Apprendre nécessite donc une réflexion sur soi et sur son rapport avec ce contexte. Cette double caractéristique éclaire le problème du savoir expérientiel, savoir local, spécifique, réel et son articulation au savoir institué.
- Les apprentissages d’ordre expérientiel s’effectuent à l’intérieur et à l’extérieur du système formel éducatif
Définition « institutionnelle »
Actuellement, dans le cadre du contrat de professionnalisation, s’expérimente le modèle structurel d’apprentissage expérientiel de David Kolb basé sur l’expérience en tant que facteur d’apprentissage et de développement de la professionnalisation. Pour Kolb le processus d’apprentissage expérientiel est un cycle composé de 4 étapes : l’expérience concrète suivie de l’observation et la réflexion, qui conduit à la formation des concepts abstraits et des généralisations, qui mène à la création d’hypothèses portant sur les implications des concepts abstraits dans des situations nouvelles. La vérification des hypothèses dans des situations réelles conduit à de nouvelles expériences, et le cycle peut recommencer.
L’apprentissage expérientiel, la transformation de l’expérience au plan cognitif, comprend deux dimensions structurelles fondamentales : la préhension et la transformation.
La préhension comprend deux modes opposés :
- la compréhension, lorsque l’apprenant s’appuie sur ses représentations mentales et son interprétation théorique pour saisir l’expérience en cours ; elle est caractéristique de la conceptualisation abstraite. A rapprocher du fonctionnement de l’hémisphère gauche du cerveau : pensée abstraite, symbolique, analytique et verbale.
- L’appréhension, lorsque l’apprenant base sa préhension sur les caractéristiques tangibles et ressenties de l’expérience immédiate ; elle est caractéristique de l’expérience concrète. A rapprocher du fonctionnement de l’hémisphère droit du cerveau : pensée concrète, globale, et spatiale, analogique et synthétique.
La compréhension n’est pas supérieure à l’appréhension ; les deux doivent fonctionner de pair.
La transformation représente deux manières opposées de transformer l’expérience, telle qu’elle a été saisie ou "prise". La transformation de l’expérience comprend deux modes opposés :
- L""intention" qui consiste en une réflexion intérieure, caractéristique de l’observation réfléchie.
- L’"extension" qui consiste en une manipulation active du monde extérieur, se manifestant par le biais de l’expérimentation active.
Ce modèle peut être considéré comme représentatif d’une démarche de professionnalisation :
- A partir de l’action (ou du vécu), quelle(s) observation(s), quelle(s) réflexion (s) fait-on à partir de cette action ?
- Quels enseignements tire-t-on de cette action, à quels concepts, théories cela rapporte, quelle conceptualisation peut-on en faire ?
- et quelles hypothèses d’amélioration peut-on faire pour les actions suivantes ?
Les échanges en groupe enrichissent et « objectivent » le résultat de ces questionnements soulignant dans ce processus de professionnalisation l’intérêt et la nécessité d’inclure dans les démarches d’explicitation de la formation expérientielle une dimension collective. Ainsi d’expérience en expérience par une action de réflexion (de « méta cognition » diraient les pédagogues), on développe son professionnalisme quel que soit le métier exercé et le niveau des apprenants.